Interview: André Nitschke, photographe
Q: Avant de devenir photographe, tu as été entraineur en athlétisme. Dans quelle mesure cette activité a-t-elle impacté ton regard sur la danse ? As-tu pu constater des différences spécifiques entre un corps en mouvement et un corps dansant?
R: Oui avant de pratiquer la photographie, j’ai tout d’abord été athlète depuis 1976 (coureur à pied du 400m au Marathon) mais aussi entraineur durant 17 ans, Cette expérience à développer mon sens de l’observation. En athlétisme comme en danse on recherche le mouvement juste et une certaine perfection gestuelle qui dans le sport va permettre d’améliorer ses performances et dans la danse va apporter une esthétique. Les démarches même si elles sont très proches dans leur mise en œuvre (entraînement, répétition) sont toutefois très différentes dans leurs objectifs. Par contre les deux mondes et les modes de vie des athletes et danseurs sont assez similaires, la rigueur et la discipline qu’elles induisent sont omniprésentes. J’avoue ne pas avoir été très dépaysés, dans mes premières confrontations à la danse.
R: Oui avant de pratiquer la photographie, j’ai tout d’abord été athlète depuis 1976 (coureur à pied du 400m au Marathon) mais aussi entraineur durant 17 ans, Cette expérience à développer mon sens de l’observation. En athlétisme comme en danse on recherche le mouvement juste et une certaine perfection gestuelle qui dans le sport va permettre d’améliorer ses performances et dans la danse va apporter une esthétique. Les démarches même si elles sont très proches dans leur mise en œuvre (entraînement, répétition) sont toutefois très différentes dans leurs objectifs. Par contre les deux mondes et les modes de vie des athletes et danseurs sont assez similaires, la rigueur et la discipline qu’elles induisent sont omniprésentes. J’avoue ne pas avoir été très dépaysés, dans mes premières confrontations à la danse.
Q: Tu as suivi les enseignements du photographe espagnol Andrès Lejona que tu considères comme un catalyseur dans ton travail. Quelles sont les influences de ses conseils dans tes oeuvres actuelles?
R: Pour Andrès Léjona, j’ai été candidat pour suivre un atelier de 6 mois (au final cela a duré 9 mois) en photo créative avec lui comme animateur et j’ai été choisi avec 5 autres photographes parmi plusieurs dossiers, c’était une grande satisfaction pour moi car je connaissais et j’aimais la sensibilité artistique qui émanait de ses photos notamment ses portraits mais aussi son regard parfois décalé sur les choses qui nous entourent. Je le cite en référence car c’est lui qui m’a appris à regarder les choses autrement, à voir plus loin que ce qui est représenté sur les photos (le hors champs, le pouvoir narratif de la série). Cette formation en 2011 est pour moi mon véritable départ en photo, j’ai commencé à la suite de celle-ci à mieux structurer mes séries, je ne me suis pas améliorer d’un point de vue technique (la technique photo ne m’intéresse pas !!) mais ce fût en quelques sorte une expérience très riche philosophiquement.
R: Pour Andrès Léjona, j’ai été candidat pour suivre un atelier de 6 mois (au final cela a duré 9 mois) en photo créative avec lui comme animateur et j’ai été choisi avec 5 autres photographes parmi plusieurs dossiers, c’était une grande satisfaction pour moi car je connaissais et j’aimais la sensibilité artistique qui émanait de ses photos notamment ses portraits mais aussi son regard parfois décalé sur les choses qui nous entourent. Je le cite en référence car c’est lui qui m’a appris à regarder les choses autrement, à voir plus loin que ce qui est représenté sur les photos (le hors champs, le pouvoir narratif de la série). Cette formation en 2011 est pour moi mon véritable départ en photo, j’ai commencé à la suite de celle-ci à mieux structurer mes séries, je ne me suis pas améliorer d’un point de vue technique (la technique photo ne m’intéresse pas !!) mais ce fût en quelques sorte une expérience très riche philosophiquement.
Q: En parlant de technique, quel rôle est-ce que tu crois qu'elle a dans l'expression artistique? Constitue t'elle des outils nécessaires aux interprétations, ou génère t'elle par des frontières invisibles certaines limites au potentiel créatif?
R: Le rôle de la technique est quand même prépondérant. C'est un moyen d'acquérir les fondamentaux (que ce soit en photo ou en danse) à la maitrise de ses modes d'expressions. Toutefois, il faut savoir aussi s'en affranchir afin de ne pas s'enfermer dans quelques chose de déjà réalisé. Pour résumer, la technique est nécessaire pour arriver à exprimer le ressenti mais en aucun cas elle ne doit à mon avis se substituer à l'émotion. Pour la photo par exemple, je préfère une photo avec ses imperfections mais qui va susciter une émotion plutôt qu'une image parfaite mais au final très plate et sans intérêt si ce n'est d'un point de vue esthétique.
R: Le rôle de la technique est quand même prépondérant. C'est un moyen d'acquérir les fondamentaux (que ce soit en photo ou en danse) à la maitrise de ses modes d'expressions. Toutefois, il faut savoir aussi s'en affranchir afin de ne pas s'enfermer dans quelques chose de déjà réalisé. Pour résumer, la technique est nécessaire pour arriver à exprimer le ressenti mais en aucun cas elle ne doit à mon avis se substituer à l'émotion. Pour la photo par exemple, je préfère une photo avec ses imperfections mais qui va susciter une émotion plutôt qu'une image parfaite mais au final très plate et sans intérêt si ce n'est d'un point de vue esthétique.
Q: En ce qui concerne les corps, tu as travaillé avec des athlètes et des danseurs aux cultures et styles très différents. Est-ce que tu crois que les langages gestuels se forment plus par héritage génétique, la culture dans laquelle on est submergés où par l'apprentissage et la pratique des exercices?
R: Ce que j’ai pu constater au fil de mes différentes expériences dans le sport et la photo de danse c’est que chaque individu à son propre langage corporel, sa propre identité. Alors après dire si c’est lié aux expériences, aux enseignements, à l’hérédité là je suis bien incapable de répondre. Chaque danseur bouge de manière différente bien évidemment les gestes se répètent parfois en fonction des spécialités jazz, contemporain, classiques mais la façon de s’exprimer est propre dès qu’il s’agit d’improvisation bien entendu, je ne parle pas de pièces chorégraphiées ou là on travaille sur quelques chose d’écrit et ou le danseur n’est qu’un interprète. C’est pourquoi même si je travaille souvent avec les mêmes danseurs, j’aime aussi en découvrir de nouveaux car ils enrichissent mes travaux et m’obligent à m’adapter à leur style et les forcer à découvrir quelle est leur véritable identité de danseur c’est très introspectif!
R: Ce que j’ai pu constater au fil de mes différentes expériences dans le sport et la photo de danse c’est que chaque individu à son propre langage corporel, sa propre identité. Alors après dire si c’est lié aux expériences, aux enseignements, à l’hérédité là je suis bien incapable de répondre. Chaque danseur bouge de manière différente bien évidemment les gestes se répètent parfois en fonction des spécialités jazz, contemporain, classiques mais la façon de s’exprimer est propre dès qu’il s’agit d’improvisation bien entendu, je ne parle pas de pièces chorégraphiées ou là on travaille sur quelques chose d’écrit et ou le danseur n’est qu’un interprète. C’est pourquoi même si je travaille souvent avec les mêmes danseurs, j’aime aussi en découvrir de nouveaux car ils enrichissent mes travaux et m’obligent à m’adapter à leur style et les forcer à découvrir quelle est leur véritable identité de danseur c’est très introspectif!
Q: Tes sujets photographiques, suivent ils tes rêves ou tes petites obsessions, comment te laisses tu inspirer par le monde des danseurs, et est-ce que cela varie d'une série à l'autre?
R: Pour ce qui m’influence dans la construction de mes projets il y a beaucoup de choses cela peut être (le plus souvent) un lieu, une émotion, des sujets de société, la littérature, l’importance du corps dans notre existence….. c’est multiple et sans fin, tout peut m’influencer mais c’est souvent la personnalité des danseurs qui sont au centre de mes inspirations car en définitif mes photos se nourrissent des danseurs, l’idée que la création passe par le corps de l’autre m’est indispensable!
R: Pour ce qui m’influence dans la construction de mes projets il y a beaucoup de choses cela peut être (le plus souvent) un lieu, une émotion, des sujets de société, la littérature, l’importance du corps dans notre existence….. c’est multiple et sans fin, tout peut m’influencer mais c’est souvent la personnalité des danseurs qui sont au centre de mes inspirations car en définitif mes photos se nourrissent des danseurs, l’idée que la création passe par le corps de l’autre m’est indispensable!
Q: Tu mentionnes que "l'importance du corps dans notre société et notre quotidien" c'est une des tes plus grands sources d'inspiration. Est-ce que tu crois que la culture actuelle néglige le corps? Où, au contraire est en train de redécouvrir le corps comme un mode d'expression, notamment grâce à la disparition de certains tabous?
R: Notre société attache beaucoup d'intérêt à la représentation du corps on le constate notamment dans tout ce qui est support publicitaire. Je pense que l'être humain est une association du corps et de l'esprit, au-delà du corps, c'est surtout l'identité de chacun qui m'inspire. L'appropriation du corps est devenu depuis quelques années un phénomène de société, on voit bien que beaucoup de gens à l'heure actuelle cherchent à renforcer leurs identités, en leurs donnant un sens artistique par le biais de tatouages, de piercings… Dans l'art et la culture depuis maintenant une vingtaine d'année l'être humain est redevenu un sujet central, je ne pense donc pas qu'il s'agisse pour autant d'une levée de tabous.
R: Notre société attache beaucoup d'intérêt à la représentation du corps on le constate notamment dans tout ce qui est support publicitaire. Je pense que l'être humain est une association du corps et de l'esprit, au-delà du corps, c'est surtout l'identité de chacun qui m'inspire. L'appropriation du corps est devenu depuis quelques années un phénomène de société, on voit bien que beaucoup de gens à l'heure actuelle cherchent à renforcer leurs identités, en leurs donnant un sens artistique par le biais de tatouages, de piercings… Dans l'art et la culture depuis maintenant une vingtaine d'année l'être humain est redevenu un sujet central, je ne pense donc pas qu'il s'agisse pour autant d'une levée de tabous.
Q: Au regard de ton travail, une série a particulièrement attiré mon attention c'est celle avec les deux danseurs qui interagissent comme si elles étaient sœurs. Quel était l'objectif initial de cette série, qu'est-ce qui t'a inspiré lors de sa réalisation?
R: Alors pour cette série il y a une histoire, en effet, Marie et Julie Barthelemy les actrices de celles-ci sont sœurs mais n'avaient bien qu'elles soient danseuses professionnelles toutes les deux jamais eu l'occasion pour diverses raisons de danser ensemble. Nous étions partis sur l'idée de faire une session autour des jeux de leur enfance mais comme il était compliqué de transcrire en image leur lien de parenté, nous avons eu l'idée d'attacher entre elles leurs cheveux afin de matérialiser leur lien filial. A titre d'information cette série vient d'être sélectionnée pour être exposée et présentée lors de 18eme Biennale Internationale de l'image de Nancy (France) en mai 2016.
R: Alors pour cette série il y a une histoire, en effet, Marie et Julie Barthelemy les actrices de celles-ci sont sœurs mais n'avaient bien qu'elles soient danseuses professionnelles toutes les deux jamais eu l'occasion pour diverses raisons de danser ensemble. Nous étions partis sur l'idée de faire une session autour des jeux de leur enfance mais comme il était compliqué de transcrire en image leur lien de parenté, nous avons eu l'idée d'attacher entre elles leurs cheveux afin de matérialiser leur lien filial. A titre d'information cette série vient d'être sélectionnée pour être exposée et présentée lors de 18eme Biennale Internationale de l'image de Nancy (France) en mai 2016.